mardi 13 novembre 2007

Les paradoxes du temps


Dans la société liquide, pour reprendre les termes de Zigmunt Bauman (voir La

société assiégée, Editions de l’Aube), le temps devient une valeur centrale. En effet l'univers liquide c'est la mondialisation, avec la rupture du temps géographique et, plutôt que l'absence des frontières (thèse de Friedman dans La terre est plate), une différentiation croissante entre ceux qui peuvent nomadiser de façon légale et rentable et ceux qui voyagent dans les soutes du système en dehors de toutes protection. Pour Bauman, la mondialisation est, tout bien considéré, positive car elle oblige à être inventif. Le temps devient un luxe pour les uns, un manque pour les autres. Avec le développement du capitalisme, le temps a pris une importance croissante et devenu une valeur en soi. Aujourd’hui, le temps devient un moment de notre identité. Rien n’échappe à la notion de temps ainsi des rencontres pour trouver l’âme sœur (Le speed dating) ou pour obtenir un emploi Le portable, les modes de communication numérique, ou encore les moyens de transports sont autant de vecteurs pour gagner du temps, être partout à la fois, multiplier les rencontres. Les effets sont paradoxaux. Ainsi, l’internet offre la possibilité de démultiplier les rencontres ou de s’enfermer dans une forme d’autisme en ligne. Le TGV, qui a réellement bouleversé notre rapport à l’espace, aux temps et même au lien travail-loisir conduit à traverser toujours plus vite des espaces sans rien voir et sans rien comprendre à l’entre-deux. Inversement, je peux prendre du temps (et même en perdre) dans ce no man’s land entre deux points où je devrais avoir un objectif et un statut.

Le rapport au temps, c’est aussi le rapport à l’action. Pierre-André Taguieff a développé le thème du "bougisme", pour exprimer que nos sociétés font l'éloge du changement pour le changement sans toujours réelles perspectives. Les uns veulent que la société bouge pour qu’elle change, les autres veulent le mouvement pour que rien ne change… Mais nous savons aussi que refuser le mouvement lorsque que tout bouge autour de nous, c’est prendre le risque du déclin. C’est reculer que d’être stationnaire, disait Lénine.


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