vendredi 28 mars 2008

Retour sur la solidarité ?

Si l’égalité est un mirage, la fraternité est une morale. La réunion des deux se nomme-t-elle solidarité ? Patrick Savidan, dans Repenser l’égalité des chances (Grasset), propose une nouvelle politique de l’égalité des chances fondée sur des mesures fiscales et éducatives tout au long de la vie .
La solidarité n’est rien si elle reste une formule creuse pour fin de congrès. Elle repose sur le lien et la coopération mutuelle au bénéfice de tous. La solidarité nous renvois d’abord à la non-indifférence qui est la proximité même du prochain, dont parle Lévinas. Deux ouvrages ont récemment ré-interrogés cette notion moderne et nécessaire pour assurer le vivre ensemble dans une période de déstructuration des liens et des statuts. Marie-Claude Blais, dans La solidarité, Histoire d’une idée (Gallimard) revient sur le sens du terme Solidarité. Terme magnifique dont on oublie facilement qu’il nous impose des contreparties... La solidarité fonde la démocratie en créant des mécanismes qui viennent en soutien des plus faibles et qui assurent le vivre ensemble : retraite par répartition, sécurité sociale… Biais met en perspective avec beaucoup de clarté les enjeux de l’économie fondée sur la coopération dont Charles Gide apparaît commel’un des grands théoriciens. Le solidarisme se distingue du libéralisme en ce qu’il se refuse à confonde individualité et individualisme (p 196).
Pour comprendre les racines et les enjeux du solidarisme, l’ouvrage de Serge Audier sur Léon Bourgeois (Ed Michalon), est un passage essentiel. Audier décrypte d’une écriture allègre les combats de ce radical qui cherchait à bâtir la justice sociale sur autre chose qu’un Etat trop interventionniste. En refermant ce petit ouvrage, on se dit que Bourgeois faisait déjà pari du dialogue et de ma recherche du consensus. Une sorte de Danois qui s’ignore.

Serge Guérin

mardi 11 mars 2008

Retour sur les municipales et l'échec des "peoples"

Au-delà des résultats conjoncturels sur les municipales, il me semble que du point de vue de la relation du citoyen à la Cité, l'échec général des parachutés et autre people, puisse assez facilement s'expliquer :



1 Les municipales sont par essence les élections de la proximité et du lien d'usage. On vote d'abord pour celui qui prendra en charge le quotidien, y compris le ramassage des poubelles ou la bonne administration de la voirie. Comment croire que telle ou telle personnalité "vue à la télévision" puisse être crédible dans ce rôle ?

2 Dans le même registre, on notera que la crédibilité se construit en grande partie sur le partage symbolique d'un territoire commun. Autant un élu national peut vivre dans un autre cadre que le citoyen, autant l'élu municipal se doit de partager et de connaître les réalités de l'aire culturelle et géographique des votants. C'est ce qu'a compris un Juppé et ce qui explique en partie l'échec d'un Cavada.

3 Enfin, l'échec d'un grand nombre de personnalités s'explique par une sorte retour du refoulé de l'électeur qui fini par se sentir solidaire de l'élu terne de terrain par rapport au candidat brillant de l'image.

En ce sens, les municpales signent bien un phénomène national !

Serge Guérin

mercredi 5 mars 2008

La presse a de l'avenir

Le lancement de magazines comme XXI ou Autrement montre bien que le devenir de la presse ne s'inscrit pas seulement dans la logique de la gratuité.
Le succès de titres comme 20 Minutes ou Metro s'explique largement par la conjonction d'une tendance longue avec l'échec d'un modèle.
La tendance longue, c'est la culture de l'info gratuite : radio, TV et internet se sont inscrits dans cette approche qui conduit à faire payer en différé - par la pub- le prix de l'info.
L'échec d'un modèle c'est celui de quotidiens qui finissent par se trouver en décalage permanent avec la diversités des réalités vécues par les lecteurs potentiels.

Il me semble que la presse payante n'a que deux grandes perspectives devant-elle :

- Refaire du contenu à fort impact. C'est la démarche - réussie- de XXI mais aussi de nombreux magazines aux approches et ciblages très divers.

- Privilégier un journalisme de combat et d'opinion en rupture avec la volonté de ratisser large pour séduire les annonceurs, en évitant les prises de position trop clivantes. Marianne, Charlie-Hebdo ou Valeures Actuelles développent ce type d'approche.

Les médias affrontent une situation totalement nouvelle et destabilisante : ils ont perdu le monopole de la diffusion légitime de l'information.

Serge Guérin