Les 316 propositions de la Commission Attali semblent avoir fait long feu. Il apparaît déjà qu’elles ont raté leur objectif principal : au lieu de contribuer à une prise de conscience salutaire et de dégager des chemins de réforme, elles coalisent les frilosités, les inquiétudes et les conservatismes de tout poils. Pas plus que l’on ne peut espérer changer la société par décret, pour reprendre la célèbre formule de Michel Crozier, il apparaît impossible de moderniser par le simple volontarisme d’une Commission d’experts. Lors d’un entretien, il y a quelques semaines, Michel Rocard me rappelait, à propos de la réforme des retraites, la nécessité de réaliser les réformes une par une, pour éviter justement des coalitions d’intérêts parfaitement contre-productives. C’est exactement l’erreur de la Commission Attali. Par ailleurs, on peut le regretter mais c’est ainsi, les journalistes (à quelques exceptions comme le dossier remarquable proposé par le magazine Challenges) en sont restés à des généralités et à la mise en exergue de quelques propositions sorties de leurs contextes. Ainsi de la proposition concernant les taxis parisiens traduite par les journalistes comme la décision de tripler du jour au lendemain le nombre de taxis sur Paris et de supprimer le numerus clausus qui aurait pour effet de réduire à néant l’investissement de milliers de chauffeurs de taxi . Résultat : des chauffeurs de taxi en grève et la crispation d’une profession pointée du doigt.
Pour autant, même s’il faut se garder d’un gouvernement d’experts, la remise de rapports et la constitution de commissions ne sont pas des manœuvres dilatoires ou inutiles. Elles permettent souvent de faire éclore dans l’espace public des débats nécessaires et de favoriser – progressivement- des prises de conscience.
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