lundi 10 novembre 2008

La protection sociale au temps de l’individu

Honneth a montré combien cette notion de reconnaissance était centrale dans la construction de l’identité de soi mais aussi d’un projet collectif (La société du mépris, La Découverte).
En fait individualisation rime avec besoin de reconnaissance et refus du mépris.
Dans cette optique, il est essentiel de renouveler le lien entre emploi et protection sociale. Pourquoi ne pas inventer un contrat de travail associé au salarié plutôt qu’à l’entreprise ? Il s’agirait d’assurer la permanence d’une protection sociale, de droits à se former et de revenu pour des personnes qui ne peuvent ou ne veulent pas nécessairement obtenir un emploi en continue. Cela concerne aussi bien les métiers artistiques que les seniors ou les nouveaux parents désireux d'organiser autrement leur temps social. Cette approche favoriserait aussi l’activité de salariés dans le monde associatif ou dans un bassin d’activité en étant employés par plusieurs petites entreprises. Ce système évitant aux employeurs comme aux salariés de multiplier les contraintes administratives et les freins liés à la méconnaissance des formes d’emploi non standardisés. A partir de la situation des intermittents du spectacle et des revendications pour conserver un système adapté à une situation singulière, les économistes Antonella Corsani et Maurizio Lazzarato ont pour leur part développé, dans un ouvrage passionnant, solide et construit sur une enquête sociologique de fond, un modèle de régime d’indemnisation utilisable pour des actifs en emploi non stable (Intermittents et précaires, Amsterdam). Leur réflexion, à discuter car parfois un peu rigide, rejoint les travaux de Gorz et ouvre des pistes qui font écho à une autre approche de la société de l'individuation.
En fait, c’est la question d’un nouveau compromis social plus favorable au travail et qui prenne la mesure de la plasticité croissante des formes d’emplois et d’activité qui est posé.
Il faut inventer de nouvelles formes de salariat pour répondre aux défis de la société de l’individu. Une société qui n'est pas nécessairement seulement ouverte aux vents de l'égoïsme.

Serge Guérin

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