Partant du constat que la crise de la presse s'explique en partie par le fait que les jeunes perdent le réflexe d’aller s’informer par la presse, de passer par un kiosque pour ouvrir une fenêtre sur le monde, avec Philippe Robinet, directeur de Oh ! Editions, nous avons proposé d’instituer un chéquier Républicain qui serait remis à tous ceux qui viennent d'avoir 18 ans. Un citoyen majeur est un citoyen informé. Cette mesure forte sur l’idée qu’un nouveau lecteur de circonstance se transforme en acheteur de conviction à partir du moment où on lui permet de « rencontrer », de tester différents titres de presse. Nous proposons qu’au moment de ses 18 ans, le jeune qui entre dans la plénitude de ses droits civiques, puisse se voir proposer un chéquier presse équivalent à 50 euros (une quinzaine de magazines, une quarantaine de quotidiens). Les cheques pouvant être échangés contre n’importe quel journal ou magazine distribués en kiosque. Avec son cheque, le jeune citoyen pourra essayer un titre puis un autre… Il pourra ainsi mesurer combien en France la presse est diverse, riche et multiple. Il verra aussi qu’un kiosque est un lieu d’échange, de discussion, de rencontre. Le kiosque est un concentré de vie avec ses contradictions, ses surprises et ses étonnements. Il ne s’agit en aucune façon d’imposer un type de presse, d’opposer des journaux nobles à des magazines vulgaires mais bien au contraire de faire confiance à chacun, de laisser le libre-arbitre, le désir, la curiosité se manifester et créer une dynamique. À défaut d’un engagement national, les Régions, les Départements ou les communes qui le souhaitent pourraient tester ce « chéquier-presse ». L’expérimentation sociale a montré son intérêt. À la suite de notre appel publié le 24 décembre dans Le Monde, plusieurs villes se sont intéressées à l’idée. C’est à Othis, le 14 mars 2009, que le premier chéquier républicain a été remis aux jeunes ayant eu 18 ans dans l’année. Il y avait une symbolique forte à voir ces jeunes se saisir de leur première carte d’électeur en même temps que de ce chéquier presse. La ville d’Asnières, plusieurs communes dans les Alpes-Maritime et en région Rhône-Alpes, ont d’ores et déjà prévu d’adopter notre formule. Comme quoi la presse a bien une influence puisque tout est partie d’une tribune… La démocratie est un combat sans fin qui nécessite des citoyens aussi bien formés qu’informés. La presse, au sens du droit à l’information critique et pluraliste, comme la santé ou l’éducation, participe des droits humains essentiels. Si elle a un coût, elle n’a pas de prix et peut s’insérer dans une politique publique affirmant le droit pour tous à une protection sociale. Pouvoir s’informer pour pouvoir décider Il n’y a pas de fatalité du déclin lorsque la volonté d’agir est là. La presse écrite n’est pas condamnée au Tribunal de l’histoire, mais elle est condamnée à innover, à prendre l’offensive, à récuser la morale de la défaite. C’est essentiel, il en est de notre liberté de la presse et donc de notre démocratie.
dimanche 22 mars 2009
Un cheque républicain en réponse à la crise de la presse
Publié par Prospective Sociale à dimanche, mars 22, 2009 0 commentaires
Libellés : médias, presse, République, société
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